Takana Zion : « Toutes mes musiques-là, je ne les écris pas »

Alors que son concert à l’Olympia approche à grands pas, Takana Zion, figure emblématique du reggae guinéen, a lâché une déclaration surprenante sur le plateau de l’émission Légendes Urbaines sur RFI,il ne rédige jamais ses morceaux.

Contrairement à de nombreux artistes qui passent des heures à peaufiner leurs textes avant d’entrer en studio, celui qu’on surnomme Mangana affirme fonctionner à l’instinct, porté uniquement par l’inspiration du moment.

«Moi, je n’aime pas écrire.  Non ? Tu as vu, toutes mes musiques-là, je ne les écris pas. Tous les titres, tu te mets en studio, tu prends la vibe. Je mets en studio, voilà, je prends la vibe, c’est puis je vais, quoi. Je construis. Et tu construis sans écrire ? Voilà».

Le chanteur explique que cette démarche s’inscrit dans une philosophie plus profonde, presque spirituelle. Il cite une parole attribuée au « King Emmanuel », qui l’inspire à se laisser guider sans préméditation :

«Le jour qu’on va vous amener devant des grands juges, devant des grands chefs, pour témoigner de moi.  Quand vous venez devant eux, ne vous inquiétez pas de ce que vous allez dire.

Dès que vous ouvrez vos bouches, ça va venir tout naturellement. Ça va être fluide. Donc, c’est avec ça, cette philosophie que je chante dans la musique»

Pour Takana Zion, c’est cette spontanéité brute qui donne à ses chansons toute leur sincérité. Il estime que la préécriture, aussi travaillée soit-elle, peut étouffer l’essence réelle d’un message.

«Je me dis que quand tu as préconçu quelque chose, finalement, il n’y a pas trop, trop de sincérité dedans. Ce n’est pas spontané.  Il y a toujours un ingrédient qui manque. Alors que quand ça vient, naturellement, tu vois, là, tu découvres toi-même, tu découvres ta propre personne, tu découvres qui tu es et ce qui te traverse.»

Une approche qui détonne dans une industrie souvent dominée par les calculs marketing et la mécanique des hits calibrés. Takana, lui, reste fidèle à l’énergie du moment. Et c’est peut-être là que réside la force de sa musique : dans l’instant pur, sans artifice.

Mohamed Cinq Sylla