Silatigui, 24 ans après ‘Danda’ : secrets, anecdotes et fiertés d’un album légendaire. On en parle avec Aladji Mamdi
Il y a 24 ans jour pour jour, le mythique groupe guinéen Silatigui marquait l’histoire du rap avec « Danda« , un album devenu culte. Enregistré au Sénégal et composé de 10 titres, ce projet a posé les bases d’un rap guinéen authentique, mêlant lyrics engagés, flow percutant et vibes uniques.
À l’occasion de cet anniversaire, Culturbaine.com est allé à la rencontre de Aladji Mamdi, membre fondateur du groupe, pour une plongée dans les coulisses de ce chef-d’œuvre : des secrets de fabrication aux anecdotes inédites, en passant par les fiertés liées à cette aventure musicale hors normes.
Culturbaine.com : Ça fait 24 ans jour pour jour que l’album Danda du groupe Sylatigui sortait. À réécouter aujourd’hui ce projet, dites-nous qu’est-ce qui vous rend le plus fier?
Aladji Mamdi : La fierté dans toute cette histoire c’est qu’au moment où nous on est venu, c’était le moment où on a on a révolutionné le rap Guinéen en fait. Ce n’était pas qu’il y avait y avait pas de bon rap. Le bon rap était déjà là parce que l’exemple c’était le Kill Point, Leg Def les anciens. Ils étaient là ils étaient présents mais on a révolutionné parce que à notre époque on arrive avec un pur anglais là où je me permets de féliciter King Lax et qui est venu avec du vrai anglais. Une fois dans un crew africain et c’est comme ça on s’est fait remarquer dans toute l’Afrique. Ce n’est pas qu’il n’y avait pas des bons groupes de rap en Guinée ou en Afrique. Mais si on est monté sur l’échelle internationale un peu rapidement, c’est à cause de l’anglais de King. Il y avait une connexion entre King et moi par exemple parce que moi mon combat c’était comment faire la promo de la langue Nkô Malinké parce que vous avez remarqué que je rappas qu’en malinké parce que c’est la langue que je comprends plus faut pas se voiler la face. C’est là que je pouvais exprimer réellement ce que j’aime ou ce que je n’aime pas le ras-le-bol. Je veux dire. Mon objectif je me suis dit comment ça se fait que le rappeur sénégalais rappe en wolof et puis tu trouves que c’est stylé tu as même envie de kiffer de rekiffer tu as envie d’écouter de réécouter donc j’ai dis non, donc c’est là je me suis donné la force de me décarcasser de rapper en langue malinké. Donc ce feeling mandingo et anglo c’est ce qui faisait la valeur de Silatigui. Il y avait cette fusion, cette combinaison. Après il y avait la voix phénoménale de Maguette John, le leader de tous les temps. Il y avait aussi Kj Premier. Et après il y avait Mighty Boosta. Et Queen Bena Chacun avait sa particularité pour faire de la Silatigui. C’est ce qui faisait notre force. On avait quatre danseurs aussi Mohamed Ibn Sylla qui est aujourd’hui inspecteur général à la douane, il y avait aussi Kalif qu’on appelait Bachir il est au Ghana et Ablaye qui fait les tableaux d’art en face de Palm Camayenne. Donc c’était ça Silatigui on était 9 sur scène.
De fierté en fierté on avait aussi un groupe Silatigui Sexion danse. C’est là où tu pouvais voir pour la première fois le Petit Lil Saako qui est aujourd’hui un phénomène. Après Fish Killa n’était pas à 100% dedans. Mais Lil Saako c’était sa maison. Il avait un temps pour nous et un temps pour son groupe. C’est que la fierté est qu’il y a eu des recrues et des recrues. Après nous il y a eu des soldats qu’on a formé et c’est ce qui fait la fierté aujourd’hui et le combat continue.
Dans Danda, au début on est venu sur Dakar, on n’avait pas les moyens qu’il faut. Donc on était obligé d’aller avec le studio en coproduction. Ils ont misé une partie, on a misé une partie. Et même si on s’est fait niquer la gueule, comme tous les grands artistes qui ont eu des expériences comme ça dès leur départ. Donc on n’a pas eu aussi la chance d’échapper à ça. Et d’ailleurs ça a causé assez de disputes entre nous. Parce qu’il y avait deux objectifs. Nous, Il y avait un groupe qui voulait qu’on sorte de l’ornière. Après l’argent va venir après. Il y a un groupe qui voulait non coûte que coûte que l’argent sorte tout de suite là, dès le départ. Mais chose n’était pas facile. Il n’y avait pas d’internet. Il n’y avait pas de réseaux sociaux. C’était chaud. Pour les promos il faut que toi-même tu te lèves, tu vas à gauche à droite, taper les portes. Donc on marchait, on tapait à pied pour aller d’horizon en horizon pour se faire la notoriété. Ça n’a pas été facile. Donc on était dans une histoire comme ça. Et après, on est arrivé sur le terrain. Il y avait les frères Mbaye qui étaient là, vu qu’on était tous, dès le départ, dans un même mouvement qu’on appelait le WakiliZo. Le Wakili Zo c’est un mouvement qu’on avait créé en ville. Des jeunes qui se battent sans l’aide exclusive de Kill Point. Parce que c’est comme ton père, il peut faire juste un peu, mais il ne peut pas tout faire. C’est à toi de faire le reste. Donc le Kill Point, eux ils nous ont fait sortir de l’ornière, le reste c’était à nous de faire. Donc c’est comme ça qu’on a quitté Dakar, on est venu avec l’album Danda, Konabada Mako, qui a été le morceau phare, tout ça là. Et par la complicité de monsieur Djessira Condé, il faut le connaître. Et le premier manager Morlaye Camara. Parce qu’il y a eu des managers de succession en succession. Il y a même un moment, Benedi Record était aussi manager de Silatigui. Donc il y a eu Morlaye, qui a été l’un des managers phares. Il y a eu Sélézo, qui a été l’un des managers phares. Il y a même Rico Moïse, Manager Will. Voilà les gars qui ont managé Silatigui durant notre carrière. Benedi Record a géré Silatigui durant trois ans.
Culturbaine.com : Comment s’est passé le processus d’écriture et de composition de cet album ? De quoi parle cet album ?
Aladji Mamdi : L’écriture et la composition, c’est quelque chose qu’on faisait genre à la samba quoi, passe-passe. Nous, c’est ce qu’on aimait le plus. On était ouvert. Dans la tête, Maguette, il était toujours représenté comme le leader, mais en quelque part, on n’avait pas de leader. Je veux dire que ce n’est pas qu’il n’était pas le leader, il était le leader, mais il n’y avait pas l’idée de leadership dans nos têtes. Parce qu’on avait les mêmes primes, même galère, même salaire, on jouait ensemble, on était très peace. Mais tu t’imagines des jeunes qui sont unis, ne fument pas, ne boivent pas, ne sont pas dans les conneries, on n’avait pas à peu près de vice. Donc on se sentait tellement bien ensemble qu’on était comme des frères. Donc l’écriture, c’était ça. Quand moi j’écris, je montre aux autres, quand ils écrivent, ils me montrent. Il y avait ça, cet esprit de partage et de travail, l’esprit d’équipe en même temps la pose aussi. Donc l’écriture se faisait comme ça. Quand on dit, écrivons sur tel, si on voit que tu as plus d’idées, vas-y. Nous, notre problème dans Silatigui, au fait, même si c’est une seule personne qui pouvait faire un son, les autres vont te suivre. On ne prenait pas ça mal, parce qu’on regardait des documentaires de Wu Tang Clan, RZA, Aldo Ripasta, Method Man, comment eu ils travaillaient. Ils étaient beaucoup, mais ce n’est pas tout le monde qui l’a fait. Quand tu prends aussi I Am, c’est toute une entité, mais ce n’est pas tout le monde qui rappait. Les rappeurs, c’était Shurik’n, Akhenaton, FreeMan, un peu, Faf La Rage, tu vois, un peu. Donc le Sila, c’était une école réellement, tu comprends. Et voilà, et c’est ça. Parce que le premier album, il y avait le soldat, King Tumani qui est à Paris, il y avait Kj Premier qui est à Paris, il y a Maguette aussi qui est à Paris. C’était nous quatre, l’album, le premier album. Officiellement, Mighty était dans le clip, mais il n’avait pas posé dedans. Mais après, les albums ont commencé à tomber, il y a eu des enchaînements. C’est là que maintenant, les gens ont fait la découverte de Mighty Busta et de Queen Bena. Donc c’était pour dire que cela a été une école. Parce que je me fais comprendre. Quand on a constaté l’absence de Kj Premier, on a vu qu’il y a un Mighty Busta qui est venu remplacer et le combat continuait toujours. Et malgré ça, on se faisait des cassettes d’or, des djembé d’or, des trophées, ça ne nous empêchait pas de faire des parcours et les discographies se multipliaient. Donc, le Sila, c’était ça, c’était une famille, quoi. Comme toujours, on est une famille.
Quelles sont les thématiques qui étaient abordées dedans ?
Danda défendait une cause, la discrimination des opprimés, des orphelins. Parce que Danda, c’est le nom d’un orphelin, Souleymane. Et Danda, c’est le nom d’un taureau. Le taureau appartenait à qui? À Souleymane. Quand on dit Danda, Souleymane, Nato, Danda, un truc comme ça. Donc, on parle d’un taureau qui a été donné à un petit, qui était gosse. Ils ont grandi ensemble. Après, quand les parents de l’orphelin sont décédés, le village a voulu s’accaparer des biens du petit, de tout le troupeau. Alors, c’est là que Danda aussi s’est dévouée pour défendre le petit Souleymane. Donc, c’est une histoire comme ça. Nous, on est toujours dans le quotidien, on défend tout. On est engagé. On a notre manière de voir les choses. L’engagement, ce n’est pas d’insulter seulement le gouvernement pour le peuple. C’est aussi dans la vie quotidienne, comment défendre les orphelins. Parce qu’il y a des enfants qui sont maltraités. Si vous remarquez, moi, c’est ça, en fait, réellement, ma vocation réelle. Je défends les causes des orphelins, comme je l’ai fait dans Sini Mori aussi. J’ai toujours défendu les orphelins.
Culturbaine.com : Quels souvenirs marquants gardez-vous de l’enregistrement de ce premier album ?
Aladji Mamdi : Déjà, à Dakar, ce n’était pas facile. Il y avait le froid, tout ça là. En même temps, la nourriture qu’on mangeait là-bas ne nous suffisait pas parce qu’il y avait du Tchiep. Tu vas voir, les gens, le sénégalais, il remplit. C’est comme si dans l’assiette sur le plateau, c’est comme si c’est beaucoup. Mais ça ne le faisait pas, quoi. Donc, on était obligé de préparer du lafidi ou sauce de feuille de manioc ou patate après. On appelait ça des bonus, quoi. On se faisait des bonus après dans la nourriture. Donc, il y avait une symbiose, il y avait de l’amour, ça rigolait. On ne prenait pas les choses au sérieux au fait. Quand on doit faire tel morceau, déjà, il y avait une concurrence positive entre nous les artistes, nous les poseurs. Hakim dit, je vais te bouffer ici. Je dis, non, tu ne peux pas, moi, je te nique. Tu vois, non. Ça, c’était entre nous, en famille. Ah Kj, tu penses que tu vas manger dans le son là Ah, Maguette, tu ne peux pas. Tu vois, on se faisait ça. C’est ce qui a en fait donné la beauté de l’album-là. Parce que chacun était engagé à sa manière et chacun a donné le meilleur de lui-même. C’était ça.
Culturbaine.com : Quels défis avez-vous rencontrés pour sortir ‘Danda’?
Aladji Mamdi : Notre défi, c’était d’abord, comment s’imposer dans toute l’Afrique. Parce qu’on avait vu les vieux Positive Black Soul, Dara-j, Kill Point, tout ça, là. On s’est dit, là où ils ont déposé le sac, c’est là-bas, on va prendre. Donc c’est pourquoi, Silatigui on était tout le temps dans les tournées, dans les parcours. Et nous, on rentrait avec des rapports. Ce n’était pas comme aujourd’hui, les gosses, ils se lèvent, ils vont faire des concerts communautaires, ils disent, ouais, j’ai rempli telle salle, telle salle. Je suis d’accord. Mais il ne faut pas dire que ce que j’ai fait, personne n’a fait. Non, c’est pour toi que tu connais. L’époque où il n’y avait pas d’Internet, nous, on se lève, on était invité, ce n’était pas par la communauté, mais c’était étatique. On va d’État en État, on met le feu. Ils ne nous connaissent pas, mais c’est le flow et le travail qui parlent, la scène. Ce n’était pas donné à tout le monde. Et en rentrant, on vient avec un rapport. Par exemple, je commence par le Sénégal. Le Hip Hop Awards en 2003 avec Safouane Pindra, on est rentré avec le prix de l’intégration africaine. Devant Dara-J, Positive Black Soul, mon frère. Non, tous les grands groupes sénégalais que tu connais, on a pris le prix de l’intégration africaine. À cause d’un seul son qui n’était même pas, qui n’a jamais figuré dans aucun de nos albums qui s’appelaient How do Your feel. On a suivi tout le Sénégal avec ça. Tout le monde était épaté. Là, on a pris le prix de l’intégration africaine. Et nous, on est rentré avec. À l’époque, c’est Kader Sangaré qui était ministre de la jeunesse. On a été lui rendre des comptes. On a été en Côte d’Ivoire où la Guinée nous a mis comme délégation le doyen Isto kera et les Azoka qui étaient à Lynx FM. Ils étaient là avec nous et Doura Barry. À l’époque, ce n’était pas n’importe qui qui partait dans le Massa. On est parti, on est revenu avec le prix de la réconciliation africaine parce que la Côte d’Ivoire venait de sortir de la crise, de la guerre. Nous, on a été les premiers artistes qui ont été pour l’acalmi. Tu vois ce que je veux dire ? Non, ce n’est pas comme si les gars se lèvent aujourd’hui et disent « Non, moi, j’ai rempli tel endroit, tel… » Personne n’a pu faire ça. C’est pour toi le moment-là que tu connais. Mais à notre époque, ce que nous aussi on a fait, personne ne pouvait faire. C’est pourquoi il faut pas se taper la poitrine. Je peux pas être fou ou dire que non je vais essayer de comparer Silatigui à Kill Point. On n’a pas les mêmes parcours, on n’a pas les mêmes discographies et on n’a pas eu les mêmes manières de faire. Mais le droit d’aînesse doit exister entre les artistes. C’est ce que les gosses, ils oublient. Donc, c’était ça la différence. Et quand nous, on te faisait ces choses-là, quand tu prenais How do Your feel on disait dedans « Je suis fier d’être noir, je suis fier de ma peau. » Quand on a fini de chanter ça dans un bon anglais, un bon français, en langue. Le Sénégal, ce n’est pas des hypocrites. Ils étaient d’accord avec nous. La Côte d’Ivoire, ils étaient d’accord. Je me dis, c’est qui ces gens-là ? Ils viennent d’où ? Le Burkina, on arrive aux Hip Hop Awards. A l’absence de King Lax, il y avait Mighty, Queen Bena, le soldat Julio, le petit Paris DJ Julio, Emmanuel Diaville. On est allés, on a brûlé tout le Burkina. Les Burkinabés, jusqu’à aujourd’hui, tu demandes, un groupe est venu en 2007. Ils disent qu’ils viennent de la Guinée. Nous, on a dit qu’ils sont ricains. Les Burkinabés nous appellent les Américains. Ils n’ont jamais pensé qu’on était des Guinéens. Parce que l’anglais était propre. Le feeling, la scène, c’était mortel. Il y avait 15 groupes de rap français là-bas, qu’on a tous emballés. Donc, il ne faut pas que les gens aillent dans les vibes de comparaison. Ce n’est pas les mêmes époques, ni la même école. Il faut forcer qu’ils ne le veuillent pas. Ils ne peuvent pas falsifier l’histoire du rap Guinéen. Parce que ce qui reste clair, nos pères resteront nos pères. Parce que sans eux, il n’y aurait pas de rap. Mais il y a des petits quand même, qu’on laisse écouter. Il y a des gosses qui ont commencé le rap à travers notre premier album, après, aujourd’hui, à cause de la notoriété, ils sont devenus fous, ils se comparent à nous.
Culturbaine.com : Y a-t-il des morceaux inédits, ou des collaborations prévues à la base qui n’ont pas vu le jour?
Aladji Mamdi : Quand tu prends l’album, on était partis à la base, à l’époque, on ne voulait pas faire que 10 morceaux dans Danda. On avait tellement de morceaux que les gars nous ont dits non, nous on veut 10 titres. Vu que toute la finance ne venait pas de notre poche, officiellement. Donc, on était obligés de faire avec. Normalement sur l’album il y a eu le featuring avec Pee Froiss au Sénégal. On a eu un autre featuring, Carlodi, où on a eu Abbas Abbas. Carlodi, il est top actuellement. Et Abbas Abbas était le meilleur ami à Negro Nix. D’ailleurs, quand on a posé avec Abbas, sans poser avec Nix, Nix nous a fait la cour. Ça l’a choqué. Après, sur le même feat Il y a eu Toxic Lyrics, Bob Dina, qui a été toujours l’ingénieur de Silatigui. Après, on a eu pas mal de featuring. Après, on a eu le featuring avec Fatou Kida. Et Catherine Atabine, une zllemande qui réside à Londres, qui a joué la flûte dans Danda. Après, Fatou Kida, on l’a eu dans le son Stop, où on parlait des mots africains. La guerre, tout ça là. Nous, on a toujours préparé une quarantaine, une trentaine de sons. Mais qui n’ont jamais vu le jour. Mais c’était quoi notre thématique ? Vu qu’on a compris qu’on ne pouvait pas mettre tous les sons dans l’album. Mais c’est dans les concerts où on joue les nouveaux sons. Et ça là-bas, tu vas comprendre aussi la force de l’homme. Un morceau qui n’a jamais figuré dans un album, tu vois, il le déchire. Ça te déchire dans un concert. Parce que c’est ce qui donne l’avantage d’un son qui est sur un album et un son qui n’est pas sur l’album. Un son qui est sur l’album, quand il cartonne dans un concert, c’est normal parce qu’ils ont déjà écouté, ils se sont familiarisés. Et un son qui n’est pas dans l’album, ils ne connaissent pas. Donc, il faut que le gars, lui, travaille scéniquement le flow, tout le feeling pour attirer. Donc, c’était ça, c’est la technique. On donnait plus sur scéniquement que dans les albums.
Culturbaine.com : Avec le recul, qu’auriez-vous aimé faire différemment sur cet album ?
Aladji Mamdi : Au fait, ce que j’aime chez Danda, il est consommable, même maintenant. Pourquoi je le dis? Parce que cet album-là a été authentique. Et il y a une identité qui est dans l’album. Quand tu écoutes, tu sens, oui, que c’est des Guinéens, mais tu as un niveau, le high level. Et cet album-là, si on nous demandait de le refaire dans ce temps, il n’y avait pas beaucoup de travail dedans. On allait juste actualiser quelques points, un petit côté actualité, parce que ce n’était pas les mêmes époques. Si on nous demande de le refaire maintenant, peut-être qu’on va actualiser juste à l’actualité. Mais parlant des kicks, des beats, machin, je pense que moi, j’apprécie bien les délires-là, jusqu’à présent.
Culturbaine.com : Une anecdote marquante autour de ‘Danda’ à partager avec les fans ?
Aladji Mamdi : Une fois, on était censé aller jouer à Télémélé. On avait notre concert au stade de la mission. On avait pris l’argent de tous les deux côtés. Donc, les gars de Télémélé nous appellent ils ont pöpö, Isto Keira aussi pöpö ici. Donc, on a divisé le groupe en deux. Donc, on dit « King », on dit « Mamdi », « Maguette », vous montez à Télémélé. « Kj », « Toumani », « Mighty », vous jouez au stade de la mission. Donc, on a divisé aussi les danseurs. Deux sont montés avec nous. Un est resté avec eux, ici. Donc, ils sont allés assuré le concert. L’objectif, c’était de jouer. Après avoir fini de jouer, nous rejoindre. Mais nous, on a bougé le matin et tôt , on n’est rentré à Télémélé que 1h. Parce que c’est distant. Arrivés à Télémélé, les gars de Télémélé, ils ont commencé à vider la salle, à descendre les matos. Si on ne voit pas les silatigui nos stars, on va gâter toute la boîte de nuit. Eh mon frère ! On arrive à une heure du matin, mais on avait des envoyés spéciaux, nos managers qu’on avait envoyés sur le terrain ; Télémélé dit que, si les artistes ne viennent pas, les managers n’ont qu’à porter nos tenues, nos k.o. pour jouer. Donc, on vient de le voir, les gars. Ils étaient en train de faire le pas, déjà. Ils ont commencé le concert. Le concert avait commencé. Toute la racaille. On rentre on dit éeh Dieu merci montez ici. c’est le seul concert qu’on a fait dans notre vie on s’est pas lavé, on est venu sale avec la poussière et on a joué comme ça.
Culturbaine.com : Dans cet album quel était votre morceau préféré ?
Aladji Mamdi : Un père de famille aime tous ses enfants. Mais bon c’est vrai il y a deux morceaux que je n’arrêtais pas d’écouter. L’originalité de ces morceaux là et la manière de poser . C’était le son Touba c’est un son ou j’avais réellement fait un feeling incroyable qui séduisait tout le monde. Après il y avait le son phare Kodobada Mako. Parce que à l’époque moi je ne savais pas faire du Bounce , j’ai été appris par King Lax. Il m’a donné le feeling, alors je l’ai développé. Et voilà. Parce que quand tu prends le début de King Lax c’était un dancehall man. Il est rentré dans le rap quand il s’est croisé avec moi et moi aussi j’ai appris d’autres feelings, le toast, le bounce, rabadops j’ai appris ça avec Ouspé.
Culturbaine.com : Un message à faire passer aux fans qui vous suivent depuis ‘Danda’
Aladji Mamdi : Tout ce que j’ai à passer aux fans, Sila ne sera jamais mort même quand nous ont dit qu’il est mort. Il restera qu’on le veuille ou pas les jours comme ça vous allez venir nous voir pour nous faire parler. Donc on est là encore on représente l’Afrique. Et peut-être s’il y a un changement d’idée du côté de mes gars ou bien si l’Etat nous demande de faire un truc pourquoi pas l’Afrique de revenir pour des projets on est la bienvenue s’il y a la longevité.
Donc le message que je vais donner aux jeunes qui font des albums aujourd’hui c’est apprendre à faire des morceaux de conscience. Et c n’est pas venir se mettre à détruire la génération, à les apprendre à faire des injures dans les sons parce que quand même on a laissé nos enfants c’est traces . Il faut qu’on les donnes les bons messages, si on ne les donnes pas des conseils nobles parce que ce que tu dis dans la musique moi je pense que je ne connais pas pour mes amis pour les autres mais je me focalisais sur les conseils de mon père pour rapper. C’est ce que je développait quand on te dit kodo Bada mako ça veut dire lave ton bas ventre. Si tu trouves quelqu’un qui lave ton dos, lave toi aussi on bas-ventre. Ca c’est les conseils de papa je prenais, je mettais danss les vibes . je developpais pour une génération. Donc si on doit faire des morceaux faire des morceaux conscients. Mais la plupart fait des morceaux pour faire bouger les gens. Il parlent de n’importe quoi pour faire bouger. Et le seul rappeur de la nouvelle génération qu je respecte qui est aussi le doyen de la nouvelle génération c’est Djanii Alfa. Il est trop conscient dans ses lyrics. Mais les gens regardent son côté est-ce qu’il rappe bien est-ce qu’il rappe pas bien.
Interview réalisée par Mohamed Cinq Sylla