Et si, dorénavant, chaque FENAC (Festival National des Arts et de la Culture) bâtissait culturellement sa ville hôte ?

Il fut un temps où la fête de l’indépendance nationale était plus qu’une commémoration.
Sous l’ancien régime, elle (fête de l’indépendance, ndlr) devenait un projet de territoire. Chaque année, la ville hôte bénéficiait d’investissements financiers pour la construction ou la rénovation des routes, des hôpitaux rénovés, des écoles réhabilitées, des voiries modernisées, des infrastructures construites ou remises à neuf.
Une façon ingénieuse de lier symbole national et développement local.

Aujourd’hui, cette vision pourrait bien inspirer un autre secteur stratégique qui est la culture et de manière générale, les industries culturelles et créatives.

Le Festival National des Arts et de la Culture, allons au-delà de la célébration

Le FENAC, c’est d’abord une célébration du génie Guinéen dans les secteurs de la musique, la danse, les arts visuels, l’artisanat, la littérature. Mais au-delà de la fête et des scènes animées, le FENAC pourrait devenir une stratégie d’aménagement culturel durable.

Pourquoi ne pas imaginer que chaque édition du FENAC laisse derrière elle, des infrastructures culturelles, touristiques et artisanales vivantes ?
Un centre culturel rénové, une maison des jeunes réaménagée, une scène urbaine équipée, ou encore un centre d’artisanat modernisé voire même un espace de loisirs aménagé?
Des espaces qui continueraient à servir les artistes, les jeunes créateurs, des entrepreneurs culturels et les communautés durant des années, après que les projecteurs se soient éteints.

Faire du FENAC un chantier de construction culturel, pas seulement un événement

Les festivals passent, mais les villes restent.
Faire du FENAC une politique culturelle d’investissement territorial, c’est valoriser les ressources locales et les savoir-faire. Il s’agit de mettre en amont des stratégies pour former des techniciens, des scénographes, des artisans, des gestionnaires culturels, bref des acteurs culturels autour du projet. Aussi, pensons à créer des emplois temporaires et durables, donner une nouvelle vie aux lieux de culture souvent abandonnés tels que les maisons des jeunes ou des centres culturels, les bibliothèques et innover en construisant des incubateurs ou des hubs culturels.
En d’autres termes, le FENAC doit passer d’une logique événementielle à une logique de transformation territoriale. Et avec la vision prônée par les nouvelles autorités, cette option peut lourdement peser dans la balance.

La culture comme moteur de développement local

On l’oublie souvent. La culture, c’est aussi de l’économie. Elle attire les touristes, stimule les artisans, nourrit les circuits courts, crée des emplois indirects et parfois saisonniers, et renforce l’identité des territoires. Un FENAC pensé comme une stratégie d’investissement, c’est donc aussi une stratégie de croissance inclusive et économique.

Chaque édition pourrait s’accompagner en amont d’un plan de développement culturel de la ville hôte, impliquant les collectivités, les entreprises, les ressortissants.
Le Ministère de la Culture et de l’Artisanat y gagnerait une image de bâtisseur, capable d’allier la mémoire et la modernité, le patrimoine et la production.

L’héritage, plutôt que le souvenir

Les grandes nations ne se contentent pas de célébrer leur culture, elles la construisent.
Et si la Guinée décidait, à travers le FENAC, de laisser une trace durable à chaque édition ?
Pas seulement profiter des bains de foule et tenir des discours politiques. Mais construire des lieux vivants, des espaces culturels opérationnels, des symboles concrets. Chaque ville hôte deviendrait alors une étape de l’histoire culturelle du pays, une ville où la créativité sert d’outil d’urbanisme, d’éducation et de cohésion.

Célébrer la culture, c’est bien.
La bâtir, c’est mieux.
Rendez-vous à Koundara, ville touristique pour l’édition 2025 du FENAC.

Cheick Alpha Ibrahima Camara
Entrepreneur | Gestionnaire de projets culturels et événementiels | Consultant dans les Industries Culturelles et Créatives