Le Centre International de Percussions forme 50 jeunes à cinq instruments traditionnels en voie de disparition 

Depuis quelques années, certains instruments traditionnels guinéens disparaissent peu à peu des scènes. Le Gnegnerou (violon artisanal), le Tambirou (flûte des bergers), la calebasse, le Siko et le Boté ne résonnent plus comme avant. Face à ce silence grandissant, le Centre International de Percussions (CIP) a décidé d’agir.

Le CIP vient de lancer un programme d’apprentissage intensif, ouvert à 50 jeunes issus de quartiers et milieux souvent mis de côté, comme l’orphelinat Hirondelle de Soumba, les groupes Kassog ou le ballet Mouna Fangni. Une formation d’un mois, pour renouer avec les sons d’hier, sans les figer dans le passé.

Le coup d’envoi a été donné ce vendredi au Centre Culturel Franco-Guinéen, en présence de plusieurs responsables de la culture guinénne. Dans son mot de bienvenue, Michel Théo Lamah, directeur du CIP, a mis les choses au clair :

«Nos instruments traditionnels racontent une partie de notre histoire. Malheureusement, ils disparaissent peu à peu, faute de transmission, de documentation et sous l’effet de la mondialisation. Cette formation vise à relancer leur pratique et à en assurer la continuité. »

Prenant la parole au nom du ministère de la Culture, Mme Nènè Aïssatou Diawara a salué l’initiative :

« Ce projet traduit de manière concrète la vision du ministère : préserver, transmettre et valoriser nos patrimoines culturels, tout en favorisant l’inclusion sociale et le développement personnel des jeunes. À travers cette belle initiative, des savoirs ancestraux sont remis à l’honneur, et des instruments menacés comme le Boté ou le Tambirou retrouvent leur voix. Ce sont aussi des jeunes, souvent éloignés de l’accès à la culture, qui découvrent une nouvelle voie d’expression, de dignité et d’espoir. »

Pendant 30 jours, cinq maîtres reconnus vont transmettre leur savoir. Amara Sara Diallo s’occupera du Gnegnerou, Abdoulaye Camara du Tambirou, Débo Kouyaté de la calebasse, Aboubacar Sidiki Camara du Siko, et Baby Boté Touré, comme son nom l’indique, du Boté.

Au-delà des notes et des rythmes, cette transmission est aussi un acte de résistance face à l’oubli. Et peut-être, un nouveau départ pour ces jeunes, en quête d’expression, de mémoire et de sens.

Mohamed Cinq Sylla