Youssoupha aux Flammes Awards : « On aura toujours besoin de faire des albums”

Alors que certains estiment que faire des albums dans l’industrie musicale contemporaine est devenu obsolète, ce point de vue ne fait pas l’unanimité, notamment chez l’une des figures majeures du rap français : Youssoupha. Invité sur la scène des Flammes Awards à La Seine Musicale pour remettre le trophée de La Flamme de l’Album Spotify de l’année, le lyriciste reconnu a livré un plaidoyer vibrant en faveur du format album.

Dès son discours, le père de Malik s’est interrogé sur la place des albums dans un paysage musical dominé par les singles et les playlists :

«À quoi ça sert de faire encore des albums, on fait des chansons qui vont ensemble et finalement elles finissent éparpillées une par une, dans des playlists, à l’arrache un peu. Peut-être que ça sert à rien de faire des albums. On travaille sur un disque pendant des mois et des mois, et en une seule petite semaine, tout est dit, tout est jugé, peut-être que ça sert à rien de faire des albums.»

Il poursuit en évoquant les réalités d’un marché transformé par les réseaux sociaux :

« On s’acharne à créer des heures de musique, et parfois, les gens vont retenir que 15 secondes sur TikTok. Tu connais le cliché, tu connais ça ? Peut-être ça sert à rien de faire encore des albums. Mais grâce à Dieu, des albums, on en fait encore, des merveilleux, des mystérieux, des massifs, des mélancoliques».

Mais fidèle à son amour des mots et des histoires, Youssoupha a tranché la question : tant qu’il y aura des récits à partager, les albums auront leur place.

« Tant qu’on aura des histoires à raconter, des vies à célébrer, des quartiers à représenter, on aura besoin de faire des albums. Tu vois ? Tant que nos luttes seront des prose-combats, tant que Puccino écrira des opéras, on aura besoin de faire des albums. Tant qu’une main en lave l’autre, tant qu’on servira du caviar sur du bitume, tant que le combat continue, on aura besoin de faire des albums.»

Il conclut avec des références fortes à la culture rap française : « Tant que les rois sans couronne seront plus importants que les rois, tant que les vrais princes seront plus, moins importants que les princes de la ville, on aura besoin de faire des albums. Tant que les micros seront d’argent, tant que l’or et le désir seront noirs, tant que Commando, tant que Destin, tant que l’apogée, on aura besoin de faire des albums.»

Mohamed Cinq Sylla