La danse célébrée à travers le Breakdance en Guinée : Entretien avec Pep’s Camara de  l’Association Hip-hop Faré

Le 29 avril de chaque année, le monde célèbre la Journée mondiale de la danse, une occasion de mettre en lumière l’art et la culture à travers diverses expressions chorégraphiques. Pour cette première célébration en Guinée, Culturbaine a eu l’opportunité de s’entretenir avec Pep’s Camara, l’administrateur général de Hip-hop Faré, une organisation dédiée à la promotion du Breakdance en Guinée. Avec lui, nous avons abordé questions liées à la célébration de la journée mondiale de la danse, son regard sur le Breakdance guinéen, ses ambitions pour le Breakdance en Guinée et tant d’autres sujets.

Culturbaine.com : En tant qu’administrateur de « Hip-hop Faré », pouvez-vous nous dire comment comptez-vous célébrer la journée mondiale de la danse cette année ?

Pep’s Camara : Aujourd’hui, ça se passe à merveille. Comme vous le voyez déjà, nous avons pu rassembler un maximum de groupes venus communier avec nous à l’espace Guinée Créative. Donc, c’est la première fois en Guinée, avec plus de cinquante personnes, ce n’est pas petit. Nous allons essayer de suivre le projet au fur et à mesure, chaque année, pour augmenter et commémorer cette journée.

Quel regard portez-vous sur la danse guinéenne, plus particulièrement le Breakdance ?

Pep’s Camara : En Guinée, il y a un manque criard de formateurs parce que quand tu regardes bien, les jeunes guinéens sont techniques, ils sont bons. Donc, il y a de l’énergie, il y a de la technique, mais ce qui nous manque souvent, c’est la musicalité. Donc, ça fait que la musicalité sur la scène internationale maintenant, on danse avec la musique, on ne danse pas parce qu’on a envie de danser. Du coup, c’est un peu ça. Pour soigner ce problème, il faut envoyer des formateurs pour apprendre aux jeunes à bien danser sur la musicalité. Sinon, à part ça, le niveau est là. Il y a des groupes aussi qui n’arrivent pas à comprendre qu’il faut penser à l’ensemble et non juste à eux-mêmes. La danse, c’est la famille, tu vois. Un danseur, c’est une famille. Il faut qu’on pense à faire des choses ensemble pour faire avancer les choses.

Culturbaine : Quelles sont vos ambitions pour le Breakdance en Guinée ?

Pep’s Camara : L’ambition, c’est comment envoyer les jeunes sur les scènes africaines et internationales, les faire participer dans les compétitions internationales. Également, aussi comment mettre en place au moins une école de danse, quelle que soit sa taille, où on peut apprendre aux jeunes au fur et à mesure. Parce qu’aujourd’hui, le Breakdance, comme vous le voyez, est devenu un sport. C’est quelque chose qui est rentré aux JO en 2024. Ça veut dire qu’on doit le prendre maintenant au sérieux. Donc, même si on le faisait en tant qu’amateur ou en tant que simple prestataire, il faut qu’on prenne la danse au sérieux afin que les jeunes puissent avoir leur avenir dedans. Comme on le dit souvent, la danse est un vecteur de développement.

Culturbaine : Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confronté en Guinée ?

Pep’s Camara : Moi, à la base, je ne suis pas confronté à beaucoup de choses parce que je suis manager d’artistes. Mon activité, c’est une chose la musique, j’investis dans la danse parce que je viens de là-bas. Je suis membre. La danse aujourd’hui, ça me donne beaucoup d’opportunités, mais ça ne me donne pas assez d’argent. C’est la musique qui me donne de l’argent. Moi, je travaille, je m’investis pour créer de l’espace pour les jeunes. Je n’ai pas assez de difficulté, seulement ce que je peux dire comme difficulté, qui n’en est pas vraiment une, c’est la compréhension. Il faut qu’on se comprenne entre nous, il faut qu’on arrive à échanger. Chacun peut être dans son groupe, mais qu’on se respecte à travers le travail que nous faisons, à travers le talent que nous avons. Chacun peut rester dans son groupe, mais qu’on parle du même vocabulaire. C’est la famille, on fait des projets ensemble. Donc, c’est ça que je peux dire. Les gens qui sont de l’autre côté et qui pensent que la danse leur appartient, non, la danse appartient à tout le monde. Donc, il faut qu’on arrive à sortir de ça, à se soutenir, à ne pas manquer de respect.

Culturbaine : La danse (Breakdance), inscrite cette année aux JO de Paris comme discipline. Un mot là-dessus.

Pep’s Camara : Nous sommes contents parce que c’était notre combat depuis longtemps. Reconnaître la danse en tant que discipline, en tant que vecteur de développement qui peut épanouir les jeunes. Donc, arrivé là, Break, ça veut dire que ça nous a donné l’espoir qu’il faut aller au-delà de ça. Parce qu’aujourd’hui, chaque pays est en train de créer une fédération. Dès que la fédération est créée, ça veut dire que c’est affilié à l’État. Dans chaque pays, on est en train de faire les choses au fur et à mesure, donc c’est un peu ça. Chaque pays va essayer de s’organiser pour mettre quelque chose en place.

Interview réalisée par Mohamed Cinq Sylla