Dans une lettre ouverte adressée au Général Mamadi Doumbouya, actuel président de la transition en Guinée, l’artiste engagé Élie Kamano exprime son inquiétude quant à la situation politique et sociale du pays. Connu pour être proche du pouvoir en place, Elie Kamano a choisi de briser le silence et de critiquer ouvertement les dérives qu’il observe.
Dans son message publié sur sa page Facebook, le reggaeman guinéen pointe du doigt le recul de la démocratie et la restriction des libertés fondamentales, notamment la liberté d’expression et de mouvement. Il dénonce également la prolifération de nouvelles demeures appartenant à des commis de l’État, le régime en place, qualifiant ces acquisitions de douteuses aux yeux de la population.
Élie Kamano va plus loin en donnant un exemple concret de cette corruption présumée en mentionnant l’acquisition d’un vaste terrain derrière sa propre maison, pour une somme colossale de 60 milliards de francs guinéens, par un haut fonctionnaire et ses complices, sans que cela n’émeuve les autorités.
Le chanteur interpelle directement le président Doumbouya, l’exhortant à agir rapidement pour remédier à la situation, sous peine de subir les conséquences de l’inaction. Il met en garde contre le danger de l’impunité et de la corruption, affirmant que ceux-ci sont devenus monnaie courante au sein de l’appareil étatique. Ci-dessous son message.
«M.Le président !
Nous vivons un recul de la démocratie, de la liberté d’expression et de mouvements, pendant que des maisons au nom des membres du cnrd poussent partout comme des petits champignons.
Derrière ma maison à Matoto, un commis de l’état et ses compagnons viennent de s’offrir un grand espace pour la somme de 60 milliards de nos francs au vu et au su de toutes les populations du quartier.
Quelle est l’utilité de fermer les médias et de restreindre l’internet ?
Est ce pour satisfaire quelques ministres qui ne veulent pas qu’on dévoile leurs forfaitures ??
Si le pays est aujourd’hui dans cette situation léthargique, c’est parce que des soi-disant intellectuels ont décidé de comploter contre leur patrie.
Monsieur le président le pays va mal, oui très mal et vous devez très vite sévir ou vous finirez par subir car on est embarqué dans un navire ou l’impunité et la corruption restent le sport favori des membres de l’équipage.
Je refuse de donner raison à Dadis et à Alpha Condé, voila pourquoi je ne porterais plus de gants pour dire haut ce que je pense.
On est pas venu pour répéter l’histoire, on est venu pour changer l’histoire.
Votre très cher frère et ami Elie Kamano.»
Mohamed Cinq Sylla