Lirsadiou Diallo, connue sous le nom de Lirsa, est une jeune artiste guinéenne qui a trouvé dans le slam une puissante forme d’expression. Depuis près de trois ans, elle parcourt les scènes et laisse son empreinte à travers ses textes mélancoliques et engagés. Dans une interview accordée à Culturbaine, elle revient sur ses débuts, ses inspirations et ses ambitions futures.
Culturbaine.com : Pouvez-vous nous parler de vos débuts dans le slam ? Qu’est-ce qui vous a inspirée à choisir cette forme d’expression artistique ?
Lirsa : Avant de connaître l’existence du slam, j’écrivais des choses sur moi chaque fois que quelqu’un me faisait du mal ou du bien, j’écrivais une sorte de journal intime. Puis, j’ai rencontré un nouvel ami et en parcourant son compte Facebook, j’ai vu qu’il écrivait des phrases qui avaient les mêmes sons à la fin, bien rythmées. Je lui ai demandé ce que c’était, et il m’a expliqué que ce sont des rimes. J’ai décidé de l’imiter. Plus tard, j’ai vu une vidéo de Malika la slameuse où elle parlait de son type d’homme, et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à aimer le slam. Je me suis dit que je pourrais m’en servir pour dénoncer tout ce qui ne va pas et pour soulager des cœurs. J’ai transformé la plupart de mes écrits en textes de slam et j’ai commencé à les déclamer. Je me suis dirigée vers un homme qu’on appelle Tony le poète Adulé (mon président) qui m’a suivie, m’a enseigné le slam, et a corrigé mes erreurs jusqu’à ce que je me perfectionne.
Culturbaine.com : Le slam est souvent associé à la poésie engagée. Quels sont les thèmes qui vous tiennent le plus à cœur dans vos textes ?
Lirsa : J’écris souvent sur des thèmes engagés, parfois mélancoliques, lorsque je veux dénoncer un fait, parler de la bonne citoyenneté, de la paix, de l’éducation, de la violence conjugale, etc. Et oui, j’ai eu des influences comme Amee la slameuse. J’aime bien son style de slam et sa façon d’écrire, dont je m’inspire beaucoup.
Culturbaine.com : Comment décririez-vous votre style de slam ? Avez-vous des influences particulières qui se reflètent dans vos performances ?
Lirsa : Je dirais que j’ai un style plutôt mélancolique. Je parle souvent de choses tristes et réelles que des gens vivent mais n’osent pas dire, et parfois même s’ils en parlent, ils ne sont pas écoutés. Donc je fais généralement des slams mélancoliques.
Culturbaine.com : Quelles sont les plus grandes difficultés que vous avez rencontrées dans votre parcours ?
Lirsa : Ma plus grande difficulté que j’ai rencontrée durant mon parcours est mon problème de voix, et cela me fatigue toujours. J’ai une voix très petite, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle je fais davantage un style mélancolique. Je travaille pour améliorer cette difficulté.
Culturbaine.com : Le slam est parfois perçu comme une niche. Quel regard portez-vous sur le slam guinéen ?
Lirsa : Le slam guinéen se porte merveilleusement bien et chaque jour qui passe, nous voyons encore du talent dans ce pays. Les slameurs ont une énergie débordante ici. On slame avec passion, avec amour, avec respect.
Culturbaine.com : Quels sont vos projets à venir ?
Lirsa : J’aimerais d’abord me perfectionner encore et encore. Ensuite, donner des spectacles, offrir des ateliers de formation, sortir des albums, car j’aimerais être écoutée partout.
Culturbaine.com : Enfin, que diriez-vous aux jeunes qui souhaitent se lancer dans le slam, mais qui hésitent par peur de ne pas être entendus ou compris ?
Lirsa : Pour moi, la peur est un sentiment destructeur de projets. Tant que l’on a foi en soi, rien ne peut nous arrêter. Je dirais à toutes les personnes dont le slam est une passion de poursuivre leurs rêves et de slamer. Ils seront écoutés et soutenus, il ne faut jamais avoir peur de briller.
Interview réalisée par Mohamed Cinq Sylla.