Le 28 et 29 janvier dernier, l’esplanade du Palais du peuple vibrait au rythme d’un concert gratuit placé sous le signe de la paix et l’unité nationale. En plus des artistes locaux, cet événement a connu la présence de 2 artistes de la sous-région notamment Tiken Jah Fakoly et Sidiki Diabaté. Mais très malheureusement les voix se sont levées pour critiquer cette manière de faire des organisateurs qui vise à amener les artistes étrangers pour nous parler de la paix.
Takana Zion est l’un des artistes guinéen qui a pris part à ce concert. Dans une interview accordée à nos confrères d’Africaguinée, il a donné son avis sur cette question brûlante. Il a rappelé qu’il fallait faire appel aux anciens de la musique guinéenne pour les parler de la paix. Neamoins, il ne trouve aucun problème que Tiken et Sidiki Diabaté soient invités à ce concert.
« Il y a beaucoup d’artistes en Guinée, c’est vrai tout le monde devait être invité mais mon rôle n’est pas de condamner une organisation. Sinon Ibro Diabaté c’est un « dieu » vivant de la musique guinéenne tout comme Yaya Bangoura, Bras Cassé, Fodé Kouyaté, Bambino…la liste est longue (…) Donc, si vous appelez tous ces anciens, eux aussi ils pourront apporter leurs témoignages pour dire ce qu’ils pensent de la Guinée et comment on peut aller à la paix.
Mais appeler les autres artistes qui viennent de l’étranger aussi n’est pas mal. Il ne faut jamais oublier : c’est grâce à Tiken Jah que moi je suis parti en France pour la première fois dans ma vie. S’il a fait ça pour moi, c’est comme s’il a fait pour toute la Guinée. Donc les gens ne doivent pas se fâcher pour dire Tiken Jah est venu, Sidiki Diabaté est venu, tel autre est venu. Ce sont des artistes africains, il n’y a pas de barrière en Afrique, laissons tomber les affaires de pays, nous nous sommes dans une affaire de continent, nous nous parlons au nom du continent. Sélassié, tout le peuple noir, nous sommes les mêmes. Si tu es Peulh ou Soussou quand tu pars en Europe et qu’on t’arrête, on va dire c’est un noir.
Donc, il faut que les guinéens comprennent cela. Sinon nous allons souffrir toute notre vie en croyant qu’on se bat pour une cause alors que cette cause n’est pas facile à obtenir. Parce que le noir ne veut pas se voir noir, le noir veut se voir comme Soussou, comme Peulh, comme Malinké et de se mettre supérieur par rapport à l’autre. Aimer sa culture c’est une très belle chose, mais, croire que tu es supérieur à une personne, ça c’est une fantaisie et c’est une folie. Que Dieu bénisse les guinéens » a-t-il conclu.
Mohamed Cinq Sylla